Transition professionnelle

D'abord, le flou !

Que faire de ma vie ? 1995, le lycée m'ennuie, faire des équations et des dissertations sans trop savoir pourquoi n'est pas une réussite. 


Objectif : trouver du sens !

C'est décidé, je quitte l'enseignement général et je descends à Toulouse pour faire le lycée professionnel d'Airbus (Aérospatiale à l'époque). Fabriquer, construire, voir se matérialiser ce que l'on a imaginé, j'ai trouvé le sens que je cherchais, la motivation.

CAP, Bac Professionnel, puis BTS, me voilà technicien supérieur, prêt à intégrer un bureau des méthodes, ou bureau de préparation. J'intègre le service des essais en vol et le dernier né de la gamme Airbus est en gestation, l'A380 fait ses derniers tests avant le premier décollage et je participe à cette aventure technique et humaine incroyable. Mais...


Prise de conscience : l'incohérence !

Le soir, comme de nombreuses et nombreux citoyen.es, je m'investis dans des associations. Cela m'apportera une incroyable culture scientifique sur des sujets graves et importants : le nucléaire, la déforestation, les produits toxiques, les énergies alternatives, etc.


Seulement, je passe 8h par jour à défaire au travail ce que je construis 2h par semaine dans une association, ce n'est plus possible. C'est pourtant ce que font nombre d'entre nous, qui ont besoin d'un salaire à la fin du mois et produisent de funestes choses et essayant de compenser le soir et le weekend dans des activités bénévoles.


Passage à l'acte : le déclic !

Je tombe sur une annonce de l'Ecole des Mines : "vous avez un bac+2 et 3 ans d'expérience ? devenez ingénieur de l'Ecole des Mines". Je me lance afin de devenir spécialiste de l'énergie. Ce n'est pas sans douleur ! Reprendre les études après 6 ans d'entreprise, à un rythme infernal et en supplément de mon métier, c'est vraiment dur. Mais je sais pourquoi je le fais.


Changement de vie : la démission !

Après obtention de mon diplôme, il est temps de prendre mon envol et je pose ma démission en 2010 auprès de mon entreprise : l'aéronautique c'est terminé.


Trouver le chemin : l'inspiration !

Je dois dire qu'au départ, la page est blanche, je dois trouver mon propre chemin. A ce moment là, je trouve des inspirations structurantes : Pierre Rabhi, Jean-Marc Jancovici, Yves Cochet, Rob Hopkins et l'écohameau du GREB, au Québec, où j'ai passé 4 mois juste après l'obtention de mon diplôme.


Avenir sans pétrole : le cœur de mon activité !

Après une première conférence organisée en 2010 à Orléans pour parler du pic pétrolier et de la résilience locale, c'est un enchainement incroyable qui va se dérouler. Création de mon blog, des dizaines de conférences dans toute la France pendant près de quatre ans, une intervention en 2011 à l'Assemblée Nationale, puis 2 études pour le Parlement Européen, l'Institut Momentum... jusqu'en 2014.


Encore se réinventer : pas facile !

2014, le prix du pétrole s'effondre à cause de la révolution du gaz et du pétrole de schiste aux Etats-Unis. Plus personne ne s'intéresse au pétrole, à sa disponibilité, au risque de manque et à la transition nécessaire. C'est le début d'une nouvelle phase de flottement.


L'expérience politique : une opportunité !

Après des mois d'incertitudes, de navigation à l'aveugle, je suis recruté par des élu.es écologistes pour exercer les fonctions de Conseiller au Cabinet de la Région Centre-Val de Loire. Cette expérience, incroyablement riche en enseignements, m'apportera une culture politique accélérée, de nouvelles méthodes de travail, un réseau de coopération, et aussi la confrontation à ce qu'est la démocratie : une majorité de personnes qui ne pensent pas comme moi.


Départ prématuré : cohérence et déception !

2020, le confinement est passé par là, j'ai vécu la crise au cœur de l'institution, j'ai constaté les plus grandes vulnérabilités, les décisions en urgences et autocratiques, l'envie de changement. Et puis plus rien. Derrière les promesses de "monde d'après", personne n'a saisi l'opportunité incroyable que représentait cet arrêt brutal de notre course effrénée vers l'abîme. Découragé, je suis parti avant la fin du mandat.


De l'expertise à l'humilité !

Nous devons le reconnaitre, aucune des trajectoires n'est bonne. La ribambelle d'experts, d'ingénieurs (dont je suis), de scientifiques n'aura pas suffit à enrayer cette folie qui nous anime. Il faut trouver autre chose, croiser les regards, mélanger les expériences, apprendre à se parler, toucher les émotions, faire autre chose que ce qui a été fait jusqu'à présent. Aujourd'hui je m'intéresse à la question des récits, afin de voir si et comment il est possible de déconstruire ces pensées dominantes qui nous aveuglent, et d'imaginer de nouvelles histoires communes et vertueuses.  


Ma vie professionnelle n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est faite de doutes, d'insécurité, de fiertés, de désespoir, de nouveautés, d'adaptations, de désillusions, de colères, de confiance, de gratitude, d'abnégation, de plaisirs et surtout d'incroyables rencontres.