Faire ce que je dis et dire ce que je fais

12 mai 2014

Passer des idées aux discours, puis des discours aux actes n'est pas toujours chose facile. Cela peut parfois prendre du temps et parfois ne jamais se réaliser. Si vous êtes lectrice ou lecteur assidu de ce blog, vous aurez constaté que le rythme de publication des articles s'est largement ralenti ces derniers mois. C'est notamment en raison de cette recherche de cohérence et je vais vous en parler dans cet article.

Tout d'abord, les deux premiers mois de l'année ont été consacrés à l'écriture du rapport pour le Parlement Européen. Le délai réduit (deux mois) m'a contraint à me consacrer pleinement à ce travail, afin d'apporter une réelle valeur ajoutée aux travaux existants sur le sujet. J'espère qu'il pourra être une source d'inspiration dans cette période de confusion politique et notamment pour les collectivités locales. La recherche théorique, la compréhension des enjeux au niveau global et la sensibilisation des citoyens grace à des conférences constituent une grande partie de mon activité.

A ces travaux passionnants, je dois ajouter mes actions personnelles, familiales et locales pour contribuer à l'amélioration de ma résilience et de celle de mon entourage.

Forêt comestible

Ce projet familial a débuté en 2011. Il consiste à utiliser une terre agricole pour recréer un écosystème riche en diversité biologique et productif en éléments utiles, notamment en fruits, légumes et champignons. Nous sommes partis d'une parcelle de 2500m² que nous avons entièrement clôturée pour la protéger des lapins et des chevreuils pendant sa phase de croissance. Après avoir observé les vents, l'ensoleillement, la végétation en place, ainsi que la qualité et le pH du sol, nous avons réalisé un design de la parcelle et planté près de 200 plantes, arbustes, petits, moyens et grands arbres. Nous avons installé un arrosage au pied de chaque nouvelle plantation et creusé une mare (à la main !) pour augmenter la biodiversité. Tout cela demande une présence et une observation régulières et passionnantes.

Création d'une forêt comestible

Création d'une forêt comestible

Habitat

Ce début d'année a été une période de choix important, puisque j'ai enfin décidé de poser mes valises, dans un lieu que j'estimais convenir à une bonne résilience personnelle et familiale:

- situé à 2 minutes en vélo et 5 minutes à pieds de tous les commerces de proximité (ville de 8000 habitants) pour ne plus dépendre de la voiture au quotidien. La quasi-totalité des fruits, légumes et de la viande que nous consommons est au moins locale, si ce n'est bio et locale. Nous sommes également adhérents à l'AMAP qui nous fourni un panier de légumes par semaine. Le passage au supermarché est devenu rarissime.

- proximité de la famille afin de réduire au maximum le besoin de déplacement pour les réunions familiales et aussi pour entretenir une bonne entente et une solidarité inter-générationnelle

- un terrain d'environ 500 m² pour permettre aux 3-4 poules de gambader, avoir un potager de taille non négligeable et pouvoir composter les déchets organiques. Le terrain dispose par ailleurs de 3 pêchers, 2 cerisiers et un cognassier et doit également servir au repos et aux loisirs, éléments indispensables d'une vie équilibrée.

- surface chauffée réduite avec 75 m² pour 3 personnes. Les combles, en cours d'isolation écologique (laine de chanvre/laine de bois), ajouteront un peu de surface qui permettra de recevoir les amis dans de bonnes conditions. Les pièces de vie sont exposées au sud pour bénéficier des apports solaires et diminuer le besoin de chauffage en hiver. La maison dispose d'un sous-sol non chauffé qui permet la conservation et le stockage de l'alimentation ainsi que le rangement de matériels divers et l'aménagement d'une petite salle de jeu isolée pour les enfants.

Chauffe-eau solaire en thermosiphon

Nous avons choisi de mettre en œuvre un chauffe-eau solaire peu répandu dans nos régions, malgré les intérêts importants qu'il offre. Il s'agit d'un système dans lequel la circulation du fluide se fait naturellement, sans aucun circulateur, aucune sonde de température, aucun appareil électronique et donc aucune consommation d'électricité. Il suffit pour cela de mettre le ballon de stockage plus haut que les capteurs solaires, car le fluide chauffé a tendance à monter et une circulation naturelle se met en place, permettant de transporter les calories des capteurs jusqu'au ballon. Cela demande une installation rigoureuse et bien calculée au départ, mais l'investissement matériel et financier est moindre (environ 2000€ tout compris), l'entretien et le risque de panne à peu près nuls. Ensuite, c'est une immense satisfaction de voir l'efficacité de ce système très simple, même en Région Centre.

Les capteurs solaires sont positionnés en bordure de toit pour être le plus bas possible et pour servir de pare-soleil pendant l'été. Les capteurs solaires sont positionnés en bordure de toit pour être le plus bas possible et pour servir de pare-soleil pendant l'été. Les capteurs solaires sont positionnés en bordure de toit pour être le plus bas possible et pour servir de pare-soleil pendant l'été.

Les capteurs solaires sont positionnés en bordure de toit pour être le plus bas possible et pour servir de pare-soleil pendant l'été.

Fiche technique de l'installation : Installation solaire en thermosiphon à Châteauneuf

Incroyables comestibles

Au niveau local, depuis la création de notre groupe "Châteauneuf-sur-Loire en transition", de nombreuses initiatives ont vu le jour. Parmi elles, le mouvement des incroyables comestibles auquel nous avons décidé de nous joindre. Le principe: faire pousser des fruits et des légumes afin de les partager avec ses voisins ou avec des inconnus qui en auraient l'envie ou le besoin. Ce sont simplement des bacs situés devant chez nous ou placés à certains endroits de la ville, dans lesquels sont plantés des végétaux alimentaires et sur lesquels trône une pancarte "Nourriture à partager, Servez-vous librement c'est gratuit". Une école de la ville a déjà mis de tels bacs à l'extérieur de ses murs pour les cultiver avec les élèves et leurs parents, un jardin collectif au cœur de la ville accueillera également bientôt de tels bacs. Le mouvement est naissant, mais semble déjà rencontrer un fort enthousiasme.

Mise en place de bacs à l'extérieur de l'école pour permettre un accès permanent par les élèves et leurs parents, y compris en période estivale.

Mise en place de bacs à l'extérieur de l'école pour permettre un accès permanent par les élèves et leurs parents, y compris en période estivale.

Maison des étiquettes

Notre groupe a également décidé de mener des actions de sensibilisation en partenariat avec le centre social, pour toucher les plus jeunes et les familles modestes, rarement présents dans les conférences. Pour cela, nous travaillons pour mettre en place, dans un appartement qui accueille de l'aide au devoir, de l'animation et une permanence sociale, des étiquettes dans la cuisine, les toilettes, la salle de bain et les pièces de vie, qui interpellent sur les économies d'énergie, d'eau et la gestion des déchets. Nous allons également mettre des fascicules pédagogiques à disposition du public et proposerons une sensibilisation aux animateurs du lieu.

Maison des étiquettes à l'espace info énergie de Peyrelevade (Limousin)

Maison des étiquettes à l'espace info énergie de Peyrelevade (Limousin)

Jeudi de la transition

Et puis il y a notre rendez-vous mensuel: le jeudi de la transition (3ème jeudi de chaque mois). Une vraie réussite pour cette soirée régulière que nous avons mise en place dans une brasserie afin de toucher, là-encore, des personnes qui ne vont pas dans des réunions ou des conférences. Covoiturage, isolation des bâtiments, plantes médicinales, monnaies locales complémentaires, les abeilles, les énergies renouvelables, partage de trucs et astuces ou encore la médecine traditionnelle chinoise sont autant de sujets que nous abordons en essayant de provoquer des discussions constructives.

Une des nombreuses affiches pour un jeudi de la transition

Une des nombreuses affiches pour un jeudi de la transition

Voilà un aperçu des multiples facettes de la résilience à mon échelle de modeste citoyen. Ces exemples illustrent mon souhait de vivre en cohérence entre les idées que je défends et le mode de vie que je choisis. Toutes ces expérimentations me démontrent chaque jour que l'on peut améliorer son autosuffisance familiale tout en améliorant également ses relations de voisinage et en contribuant positivement à l'économie locale. Je dépends moins des stations services et des supermarchés, mais je connais le boucher, le réparateur de vélos, la couturière, les agriculteurs, le libraire, les apiculteurs, etc. Il n'est donc pas question de repli sur soi, mais au contraire de renforcer les liens avec ceux qui nous sont proches.

Tout cela explique donc en partie le ralentissement des publications sur ce blog, mais je reste connecté et je vais continuer à exprimer mes idées et à diffuser mes travaux comme je le fais depuis près de quatre années maintenant.


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