Les français sont au cœur d’une euphorie médiatico-énergétique suite à la découverte d’un
gisement de pétrole conventionnel au large de la Guyane. Matthieu Auzanneau pose,
dans son blog, les bonnes questions au sujet de cette découverte.
Vous aurez constaté que mon blog met l’accent sur le manque à venir de pétrole. A l’échelle mondiale, les réserves prouvées sont évaluées à 1350 milliards de barils (AIE, 2010). Dans ces circonstances, trouver 1 milliard de plus ne change pas grand-chose à la situation énergétique mondiale, même si cela va, indéniablement, réduire un peu la facture française. Je considère qu’avec la crise économique actuelle, le pic pétrolier est, à court terme, le plus gros facteur de changement de paradigme. Malgré cela, je suis catégorique : il ne faut pas chercher à remplacer le pétrole, il faut apprendre à s'en passer.
La notion d’exponentielle
Une caractéristique de la fonction exponentielle, c’est qu’elle part de 0 (ou presque), puis elle devient de plus en plus verticale pour tendre vers l’infini ... elle ne redescend pas !
Depuis le début du 20ème siècle, de nombreux paramètres suivent une tendance exponentielle :
Le PIB mondial
La population mondiale
Les émissions de CO2
La concentration de CO2
http://www.alternatives-economiques.fr/
La consommation d’énergie
La dette américaine
Le trafic aérien mondial
http://www.alternatives-economiques.fr/
Notion de pic : la fin des exponentielles
Puisque nous sommes dans un monde aux ressources limitées, il ne sera pas possible de continuer ainsi. C’est une certitude et une évidence physique, mathématique, géologique, climatique, démographique, économique, énergétique …
Toutes ces courbes, un jour ou l’autre, finissent par heurter l'indisponibilité des ressources
naturelles. A ce moment là, il n'est physiquement plus possible de continuer à augmenter l'extraction, la consommation, la production ... Le maximum est atteint, le pic est
atteint.
Pic de phosphate
Le phosphore est un élément essentiel à la vie. Le phosphore est un des trois éléments qui composent les engrais utilisés pour l’agriculture (N-P-K). Il se trouve généralement lié au phosphate que l’on extrait dans des mines et les quantités sont donc limitées. Or, d’après les travaux de Patrick Déry, le pic serait déjà atteint.
Pic de cuivre
Le cuivre est le premier métal utilisé par l’Homme (4500 ans avant JC). Ce matériau est très utilisé pour son excellente conductivité électrique (câblages électriques, processeurs, batteries…), mais également pour la construction (tuyauterie, couverture, les transports (réservoirs, hélices, composants électromécaniques …), les machines-outils, les ustensiles de cuisine ou encore la monnaie comme l’Euro ! Par ailleurs, le cuivre entre dans la composition de très nombreux alliages métalliques.
Dans le domaine de l’énergie, il faut 170kg de cuivre pour 1 MW éolien et 1600kg pour 1 MWc de solaire photovoltaïque. La disponibilité et le prix des matériaux est un facteur déterminant pour la production massive d’outils énergétiques.
Vous pouvez voir sur le graphique suivant (courbe orange), proposé par Jean Laherrère, que nous devrions atteindre le pic de cuivre vers 2020.
Pic de l’or
Au-delà des utilisations en bijouterie (67%), en lingots et en pièces (29%), l’or est utilisé aussi pour son excellente conductivité électrique et son inaltérabilité dans des domaines comme la médecine dentaire ou l’électronique (14%).
Depuis les origines de l’humanité, environ 165.000 tonnes d’or ont été extraites, ce qui représente un cube de 20 mètres de côté. Il en resterait environ 50.000 tonnes dans les réserves et le pic de production aurait été atteint en 2001, selon Jean Laherrère.
La fin des exponentielles
Il ne servirait à rien de remplacer le pétrole car toutes les ressources minérales et fossiles, dont nous sommes actuellement dépendants, vont devenir rapidement de plus en plus rares et de plus en plus chères.« Pas très joyeux » me direz-vous ?
C’est à chacun de se demander ce qui peut le rendre joyeux. Personnellement, je ne suis pas triste de faire ces constats, je suis juste réaliste. Je n’essaie pas de donner une dimension infinie à un monde qui ne l’est pas. Ce qui pourrait m’inquiéter davantage, c’est ce déni du système dans son ensemble face à une situation évidente. Cette incapacité à admettre l’incontournable.
A l’inverse, ce qui me rend joyeux, c’est d’aller à la rencontre des habitants de ma ville pour commencer la transition, c’est de réfléchir à ma résilience personnelle et à celle de mes voisins, de ma famille, c’est de construire du lien entre tous les acteurs du territoire et de sortir des cloisonnements habituels.
C’est la fin des exponentielles. Acceptons le changement et préparons l’avenir … maintenant !