Transition de la société : passer du rêve à la réalité

28 septembre 2010

Martin Luther King rêvait de voir naître, un jour, une société de liberté et d’égalité entre les Hommes. Faisant le constat des terribles discriminations entre les classes sociales, les origines, les couleurs de peau, il a exprimé son profond désir de changement pour l’amélioration des relations humaines.

Il était bien ancré dans la dure réalité et souhaitait voir réaliser son rêve.

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Qu’en est-il de ce monde que l’humanité a forgé depuis le début de ce siècle ?

Les habitants des pays modernes et dits « développés » ont été les témoins et les acteurs d’une irrésistible ascension du confort, de la mobilité, de la consommation, de l’hygiène etc … Les acquis matériels mais aussi sociaux n’ont jamais cessé d’augmenter au même rythme que la croissance économique, que la consommation des ressources et de l’énergie.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale et le début des 30 glorieuses, les progrès techniques et sociaux ont été considérables dans notre pays. Les machines (ou  la main d’œuvre de certains pays) ont remplacé l’humain pour les tâches ingrates et répétitives, l’espérance de vie a progressé, les supermarchés sont pleins et ouvrent même le dimanche.

Notre société a été conçue sur la base indispensable de ressources infinies. Beaucoup pensent encore que la Terre pourrait nous fournir, sans limites, les moyens de permettre à tous l’accès au confort matériel, à la mobilité, à la santé, à la technologie, au système de retraite ou à la sécurité sociale.

Nous sommes bien ancrés dans un rêve, souhaitons-nous revenir à la dure réalité ?

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Le confort matériel et énergétique dont nous bénéficions est fragile et superficiel, il n'est possible qu'en présence d'inégalités planétaires sur lesquelles nous avons tendance à fermer les yeux.

Victor Hugo (1802-1885) disait ceci: "Sans cesse le progrès, roue au double engrenage, fait marcher quelque chose en écrasant quelqu'un !"

Tout cela aurait pu durer longtemps si la Terre, elle même, ne nous imposait pas ses propres limites. Dans ces circonstances, agir ne relève plus de l'altruisme et de la générosité, mais de la recherche de solutions pour répondre à nos propres besoins.

Face à cette situation, il y a trois catégories de personnes:

Tout d'abord les gros dormeurs, ceux qui n'ont aucune conscience des problèmes.

D'autres se sont réveillés et, prenant conscience de la réalité, ont préféré se rendormir afin de rêver au plan B que les puissants de ce monde garderaient secret jusqu’au dernier moment.

Les derniers sont bien éveillés depuis longtemps et se sentent bien seuls face aux difficultés qu’il faut surmonter sans l’aide de tout un peuple encore profondément endormi.

Le réveil par la sensibilisation

Qui peut avoir envie de sortir volontairement d’un rêve merveilleux ? Il est décidément humain de se complaire dans une situation confortable et d’en profiter jusqu’au bout.

Faut-il en déduire que nous ne ferons rien tant que nous ne serons pas dans le mur ? C’est ce qui décourage beaucoup d’esprits éveillés.

Voici donc le premier défi que nous avons à relever : expliquer, démontrer, argumenter, prouver !

Pour les endormis de toujours, il faut les réveiller doucement en expliquant la situation, c'est-à-dire que la quantité d’énergie disponible va inévitablement diminuer, que cela rendra inopérants de nombreux pilliers de notre système et qu’il est donc préférable de ne pas attendre l'horrible sonnerie du réveil pour passer à l'action !

Pour ceux qui ont décidé de mettre la tête sous l’oreiller et de se rendormir, il s’agit de démontrer que le « très confidentiel plan B »  gardé bien au chaud par les puissants de ce monde ne peut pas exister car en termes d’énergie, il est vain d’attendre un miracle.

Cette sensibilisation passe nécessairement par des sites internet, des vidéos, des conférences, des débats, des livres, des tribunes, tout ce qui permet de faire passer des messages au plus grand nombre.

L’action

Alerter la population sur les problématiques de l’avenir ne peut suffire. Par exemple, certains films perçus comme moralisateurs laissent le spectateur face à sa propre culpabilité sans lui donner les moyens d’engager un réel changement dans sa vie et de passer à l’action.

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Il est donc fondamental d’accompagner le réveil, et donc la prise de conscience du problème, par des outils que chacun pourra s’approprier. D'ailleurs, qui n’a jamais entendu dire : « j’ai bien compris la situation et j’aimerais pouvoir faire quelque chose … mais quoi ? »

Les initiatives telles que le tri des déchets, le recyclage, l’utilisation d’appareils plus efficaces, les petites économies d’eau et d’électricité quotidiennes dans les logements sont autant d’idées qui sont maintenant admises par tous (admises mais pas forcément mises en œuvre !).

Pourtant, cela ne suffira pas. Nous avons atteint les limites de l’action individuelle dans un système globalisé, il est temps de rechercher et de mettre en application des solutions collectives et adaptées aux configurations locales.

Des solutions locales pour un désordre global

Je reprends volontairement le titre du film de Coline Serreau car je le trouve parfaitement adapté à la situation. Face aux problématiques du pic pétrolier et des changements climatiques, les solutions globales n’émergent pas. Il est trop complexe de trouver des solutions applicables à tous, quelles que soient les situations économiques, alimentaires, climatiques, sanitaires ou énergétiques.

La dernière tentative globale de résolution des problèmes alimentaires des pays en voie de développement a été la révolution verte. Le résultat est catastrophique, il ne génère que dépendances, pollutions, inégalités et exploitation des plus faibles par les plus puissants.

En revanche, ceux qui ont osé mettre en œuvre des solutions différentes, en fonction de leurs besoins et de leurs ressources locales ont réussi à mettre en place un système durable, sain et souvent très efficace.

C’est pourquoi le rassemblement des communautés locales dans un projet commun de réorganisation des échanges semble indispensable et inévitable. La solution serait donc là, sous nos yeux.

Objectif Résilience

Si vous êtes bien réveillés (pincez-vous pour vérifier !) alors il est temps de passer à l’action. N’attendez pas plus longtemps pour réveiller vos voisins, votre famille, vos amis. Communiquez au sein de votre quartier ou de votre village et unissez les forces vives pour réveiller tout le monde.

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© Camille Le Roux

 

Des milliers d’idées peuvent naître de l’émulation collective et je vais citer cette phrase dont je ne retrouve pas l’auteur :

« Le métier de l’habitant c’est d’habiter. Il est donc l’expert de ses propres conditions de vie, c’est pourquoi il doit absolument participer à la décision même s’il n’est pas le décideur final. »

La résilience locale est un but à atteindre pour tous, individuellement et collectivement.

Il est donc indispensable que chacun puisse s’approprier cette notion, évaluer ses vulnérabilités et celles de la communauté, et chercher ainsi les meilleurs outils pour qu’ensemble nous devenions résilients et que nous soyons prêts à envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Retournement de situation

Vous le savez bien, le rêve que j'ai décrit plus haut n'est pas si parfait. En effet, le confort matériel dont nous bénéficions n'efface pas tous les maux de notre société (solitude, inégalités, exclusion, stress, pauvreté, gaspillage ...).

A l'inverse, ce que je viens de décrire comme "la dure réalité" pourrait devenir au contraire une formidable opportunité pour mettre en place une organisation résiliente, collective, durable et solidaire.

Et si nous rendions la réalité plus belle que le rêve ?

Encore faut-il se réveiller à temps ...

(article écrit en 2010 et toujours d'actualité)


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