Trièves en Transition: le grand lancement !

15 juin 2011

Le Trièves est un territoire de 650 km², composé de 29 communes dans lesquelles vivent 8900 habitants. Ce magnifique paysage de moyenne montagne situé entre Grenoble (50km), Valence (130km) et Gap (75 km) a vu se développer, depuis de nombreuses années, une activité sociale et culturelle intense. Le relatif éloignement des métropoles a permis de préserver du lien social, de la solidarité ainsi qu'une production alimentaire de proximité.

Là bas, 20% des agriculteurs cultivent en bio alors que la moyenne nationale n'est que de 4%. Des constructions écologiques surgissent aux quatre coins du territoire: maisons en paille, chanvre, ouate de cellulose, bois... Des associations, des collectifs d'entreprises partageant les valeurs de l'écologie et du développement durable se créent régulièrement.

 

terrevivante.jpgsource: www.terrevivante.org

La région a souvent été pionnière avec des initiatives comme la ferme modèle du Thaud ou l’école modèle protestante qui datent du 19ème siècle. C’est également au cœur de ces reliefs que vous trouverez l’éditeur de l’écologie pratique « Terre vivante ». Il n’est donc pas surprenant que ces terres soient le berceau français d’un mouvement, aujourd’hui en pleine expansion: Le mouvement des territoires en transition !

La première initiative de transition en France

Visiblement, les choses n’ont pas toujours été faciles pour ce groupe pionnier ! L’aventure a commencé en septembre 2008, les documents étaient en anglais et le groupe a dû essuyer les plâtres d’un nouveau mouvement né en Angleterre en 2006 et qu’il fallait transposer à la France.

Dans ce milieu déjà militant et engagé, il a fallut répondre à la question : « mais qu’est ce que vous apportez de plus avec votre transition ? ». La réponse, selon Pierre Bertrand (un des deux initiateurs avec Jeremy Light) résiderait dans la prise en compte du pic pétrolier et des changements climatiques dans chacune des orientations prises sur le territoire. L’objectif n’est pas de réinventer ce qui existe déjà (associations, collectifs ...), mais de proposer une direction, une vision commune à tous les habitants, tous les acteurs du territoire pour préparer l’après-pétrole.

Le grand lancement

Après trois années de rencontres, d’échanges, de projets, de sensibilisation et d’action, le groupe de transition a enfin décidé d’effectuer une étape majeure du processus: le grand lancement. Comme de nombreuses personnes de toute la France, j'ai décidé de participer à cet évènement.

Différents ateliers ont été programmés durant la semaine, comme la construction paille ou la fabrication de four solaire.

 

four-solaire.JPGAtelier four solaire

 

visite-maison-paille.JPGVisite d'un chantier d'autoconstruction bois-paille

Mais la fête a vraiment commencé le vendredi soir avec une conférence sur la décroissance énergétique et le scénario négaWatt.

Cette présentation avait effectivement un "goût de fête" puisqu’elle permettait de rassurer le public en expliquant que nos modes de vie n’allaient pas changer tant que ça.

Ce discours était difficile à entendre pour moi, car je passe mon temps à démontrer aux citoyens qu’ils doivent changer leurs modes de vie en profondeur et je trouve contre-productif de chercher à rassurer sur la base d'hypothèses que j’estime fantaisistes.

   Pour prendre juste un exemple, je ne peux pas croire qu’en 2050, nous aurons chacun notre voiture individuelle, consommant 3,3L/100km et parcourant 11.000km/an !

Mais je ne vais pas m'attarder là-dessus car je pense qu'il faudrait que je fasse un article complet pour justifier mes critiques.

Le samedi matin, nous sommes partis en randonnée à travers le Trièves (6km). Une balade conviviale permettant les rencontres et discussions dans un cadre superbe. Arrivés en haut d’une colline surplombant une vallée verdoyante (je fais dans la poésie!), les organisateurs nous proposent de nous asseoir quelques minutes.

  vallee-2050.JPGVallée dans le Trièves

Ils nous donnent alors un papier et un crayon et nous proposent de représenter cette même vallée, en 2050, telle qu’on aimerait la voir si nous avions réussi la transition vers l’après-pétrole. C’était un exercice vraiment intéressant pour se construire une vision positive.

La balade s’est terminée à Mens, sur le lieu de la grande fête.  De nombreux stands étaient présents (réparation de vélo, démonstration de cuiseurs solaires, zone de gratuité et d’échange, le mémorial du pétrole, transport en calèche …) et chacun a pu découvrir et imaginer le Trièves de 2050.

compostage.JPGStand d'information sur le compostage

En fin d’après-midi, c’était le moment d’inaugurer la transition, en présence de Naresh Giangrande, cofondateur du mouvement international de la transition. Un moment fort en émotion avec la participation de plusieurs élus et acteurs impliqués.

Grand lancement de la transition dans le Trièves

La soirée s’est poursuivie avec un repas commun et une soirée conviviale de concerts et de danse. Je n’oublie pas les fins de soirées au gîte avec quelques charcuteries, vin de sureau ou autres digestifs, car la convivialité et le plaisir prennent une place très importante dans la transition !

repas-du-soir.JPGRepas après l'inauguration de la transition

Un moment historique

Comme je l’expliquais au début de cet article, il s’agit de la première initiative de Transition en France et ces précurseurs ont dû se démener pour faire passer leurs idées et ne pas se décourager. Cette inauguration était importante car elle est une marque d'existence concrète, en France, d'un mouvement mondial qui grandit à une vitesse incroyable (600 à 800 initiatives dans le monde et une quarantaine en France).

Comme je l’ai souvent exprimé, j’estime que chacun a un rôle à jouer pour préparer la société aux défis de l’avenir. La responsabilisation des citoyens est une étape indispensable au changement profond des modes de vie. De ce point de vue, « l’outil » des villes en transition me semble idéal. Il part d’un constat scientifique clair (pic pétrolier et changements climatiques), propose un objectif tout aussi clair (améliorer la résilience locale) et offre des bases théoriques avec le manuel de transition, permettant de s’approprier librement des outils de rassemblement, de créativité et d’action.

Comme à chaque évènement organisé dans le cadre d’une transition, j’ai retrouvé cette même convivialité, ce désir d’échange et de partage autour des solutions concrètes et des écueils à éviter. Je suis toujours impressionné par le fait que des personnes puissent être à la fois aussi conscientes d’une situation énergétique, écologique et économique potentiellement dramatique, et à la fois génératrices d'un foisonnement d’idées, d’inventivité et d’ambition pour l’avenir.

C’est la vraie réussite de ce mouvement : pragmatisme, inclusion et vision positive !

Quel sera le prochain territoire à faire son grand lancement ?

Photos: Fabien Ulian, Semur-en-Auxois en Transition


Partager cet article